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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/206

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noms de visiteurs, de toutes les époques et de toutes les nations ; sur les feuilles d’acanthe, sur les rubans qui enroulent les guirlandes, sur les écailles des serpents qui se tordent autour des têtes de Méduse, sont gravées des signatures européennes ou asiatiques ; nous trouvons réunies celles des officiers français qui vinrent ici faire l’expédition de 1860 après les massacres de Damas — et, au fond du temple de Jupiter, celle de l’empereur Don Pedro d’Alcantara, à côté du chiffre et de la couronne du grand-duc Nicolas de Russie. Elle est très frappante, l’obstination qu’ont mise autrefois les hommes fanatisés, tant chrétiens que musulmans, à dégrader et démolir ces incomparables temples. Et, comme s’il fallait absolument qu’ils fussent détruits, les tremblements de terre, seuls assez forts pour agir vite contre des masses aussi superbes, se sont aussi acharnés là, de siècle en siècle, secouant tout comme avec la main, renversant en une seconde les rangées formidables des colonnes, qui devaient s’abattre les unes sur les autres avec de grands bruits de cataclysme. Devant le chaos d’aujourd’hui, on a conscience de l’irrémédiable de tels anéantissements ; tous nos petits constructeurs d’églises ou de palais s’agiteraient