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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/211

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petit temple païen, hexagonal, aux colonnes de granit et de porphyre. Puis, plus rien qui rappelle ce passé-là. Nous nous avançons de plus en plus dans une Syrie moderne et dans une Syrie chrétienne, croisant des cavaliers, même des voitures, et des paysannes maronites non voilées, dont quelques-unes sont très belles. A midi, halte à l’entrée d’un village isolé, dans un de ces « khâns » moitié magasin et moitié auberge où l’on fournit aux voyageurs le gîte de jour, le narguilé et le café. Au soleil et à l’abri de ce vent des neiges qui nous glace, sous une sorte de hangar badigeonné à la chaux blanche, tout au bord de la route où des caravanes passent, nous prenons notre repas, au milieu des enfants, des chiens, des chats et des poules de la maison, servis par une jeune fille chrétienne au visage non voilé. Saine et fraîche, au grand air salubre de cette vallée, elle a des yeux gris, très ouverts et pourtant très doux, qui vous regardent longuement en face avec une tranquille candeur ; d’irréprochables traits et des joues de santé dorée ; une épaisse chevelure brune, qui frise et se rebelle beaucoup sous son voile de mousseline blanche. Sa robe d’indienne rose, d’une forme européenne d’il y a dix ans, mais gentille