Aller au contenu

Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des entrées de tunnels bayant dans des rochers ; des machines qui fument, des amas de rails de fer, des éboulements de cailloux et de terre mouillée. Une espèce de neige fondue, dont nos vêtements sont bientôt trempés, ruisselle sur nous si froide que nos mains s’engourdissent et nous font mal à en pleurer. Près des cimes maintenant, nous passons dans des nuées si compactes que nous n’y voyons plus ; mais, quand elles se déchirent, des abîmes noirs se révèlent sous nos pieds. Enfin, nous sommes en haut, et, pendant une éclaircie, dans un déploiement subit de l’horizon, toute la contrée au delà nous apparaît : la côte de Syrie, et la Méditerranée semblable à un vague ciel vert qui remonterait vers l’autre, vers le vrai — si tourmenté en ce moment et si obscur. Et, à présent, sur l’autre versant du Liban enténébré, nous allons descendre. La pluie cesse, les déchirures des nuages deviennent plus larges, plus nettes. L’air s’adoucit, nos mains ne nous font plus mal et, de temps à autre, un rayon de soleil vient nous sécher. Nous sortons par degrés d’une détresse physique, d’une espèce de cauchemar de nuit et de froid. Un monde infini, toujours plus ensoleillé, se