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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/40

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comme un rêve de la fin des temps, cela fait songer à ces époques conjecturées où, après l’épuisement des races, la nature verte lentement s’étendra pour recréer ses forêts primitives. Devant le hameau solitaire d’aujourd’hui, il est étrange de se rappeler la longue histoire de cette ville, fondée il y a trois mille ans pour être la capitale du royaume d’Israël ; ruinée deux cents ans après par Salmanazar, qui emmena en captivité ses habitants et les remplaça par des idolâtres des pays de Couth ou de Babel, pères des Samaritains du Garizim ; ruinée encore quatre siècles plus tard (l’an 331 avant Jésus-Christ) par Alexandre le Grand, qui substitua a ses habitants massacrés une colonie macédonienne ; rebâtie, sous le nom de Sébastieh, par Hérode, qui la fit coloniser à nouveau par six mille vétérans des armées de Rome ; vivante encore aux premiers siècles chrétiens et envoyant des évêques aux anciens conciles ; florissante sous le nom de Sabast à l’époque des croisades, gouvernée alors par un vicomte français et possédant une cour de bourgeoisie ; — et puis, éteinte sans que l’histoire sache comment, après le retour des Sarrasins, anéantie et oubliée, sous l’invasion progressive des herbes, des cactus et des buissons d’épines. De gais ruisseaux, des sources claires coupent le