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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/41

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sentier envahi de grands chardons et de nopals qui monte à Samarie. Et l’impression de tristesse s’accentue lorsqu’on approche ; il semble que le rayonnement du soleil, le luxe des fleurs et des herbes, la profusion des anémones rouges ajoutent encore à l’irrémédiable désolation de ce lieu. Le village cependant est plus étendu qu’il ne le paraissait à distance ; parmi les cactus, parmi les éboulements et les débris, restent une cinquantaine de maisonnettes cubiques, construites avec des fragments de temples ou de palais, et dont les toits en pierre sont recouverts d’herbes comme de petites prairies. Auprès des ruines encore belles, qui entourent le vieux minaret blanc et qui sont un confus mélange d’églises et de mosquées, une sorte de petite place sert de forum aux gens de Samarie. Plusieurs hommes, drapés du « burnous de Naplouse » et coiffés de la très large couronne en laine noire, se tiennent là immobiles, assis sur des pierres, dans le sombre farniente habituel, rêvant au soleil ou à l’ombre, tandis qu’autour d’eux la destruction des antiques choses continue silencieusement de s’accomplir. Ils nous disent le bonjour arabe, et leurs beaux yeux lourds, enténébrés d’obscurité séculaire, suivent nos mouvements avec une distraite curiosité. Avant de descendre de cheval, nous voulons parcourir