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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/50

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passer, si naturellement nobles de lignes et d’attitude, on dirait les anciennes déesses des moissons ou de la terre, — des Cérès, des Cybèle. Monts de Gilboë, que jamais sur vous ne tombent ni pluies ni rosées… parce que c’est là qu’a été jeté le bouclier des vaillants d’Israël. 
(II Rois, I, 21.) Une montagne que nous avons laissée, à droite de notre route, sur la rive sud de cette mer d’herbages, est le Gilboë, contre lequel David composa ce chant de malédiction. Là, après la défaite d’Israël, Saül se transperça le corps de sa lance et les Philistins lui enlevèrent ses armes pour les suspendre dans le temple d’Astaroth (I Rois, XXI, 4, 10). Nous apercevons une réunion de tristes masures, un hameau sur ce Gilboë : c’est Zehrin, l’antique Jezraël, où deux cents ans après la mort de Saül, au IX e siècle avant Jésus-Christ, s’élevait le palais du roi Achab. Et, comme il y a sur terre de persistantes et presque indestructibles petites choses, des vignes — les seules du pays environnant — croissent encore au penchant de la montagne, là même où devait se trouver, il y a près de trois mille ans, la vignede Naboth convoitée par Jézabel (III Rois, XXI). Ici comme ailleurs, comme partout en Palestine, ville et palais sont retournés à la poussière ; disparues