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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/95

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la Palestine et l’Idumée, on reste confondu devant le mystère de tels anéantissements. Quand déjà Tibériade est près de s’effacer derrière nous, El-Medjdel, le seul village encore existant, commence d’apparaître à l’entrée de la plaine de Gennezareth. Probablement c’était là qu’autrefois s’élevait Magdala, patrie de Marie-Magdeleine, grande ville des vieux temps, au bord d’une des routes les plus anciennes du monde, la route de Jérusalem à Damas, qui n’est plus aujourd’hui qu’un sentier délaissé des hommes. Au pied d’un arbre unique, un baumier-de Galaad, ce Medjdel est un groupe d’une vingtaine de misérables et craintives maisons de fellahs, avec de gros murs sans fenêtres comme pour subir des sièges — et d’ailleurs pillées et repillées par tous les Bédouins des proches déserts… Tibériade achève de s’abaisser là-bas, plongée, comme noyée dans les eaux silencieuses du lac  ; puis Medjdel à son tour s’efface, et nous ne voyons plus rien autour de nous que les montagnes veloutées de gramens. Seulement, dans le Nord lointain, le mont Hermon — que les Arabes appellent le « Grand Cheikh blanc » — brille de l’éclat triste de ses neiges, au milieu de tant de bleu et de tant de vert dont nous sommes de tous côtés environnés. La brise est tout à fait tombée, et nous devons serrer