Aller au contenu

Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

était admirablement cultivée au temps de Jésus, et la route de Jérusalem à Damas la traversait, y amenant un continuel passage de troupes ou de caravanes ; plus tard, l’historien Josèphe en parle comme d’une sorte de jardin enchanté où, grâce à cette chaleur exceptionnelle des lieux bas, croissaient les arbres et les fleurs rares ; mais là encore, plus rien : un petit désert presque impénétrable, de broussailles et de roseaux emmêlés… Le soleil est brûlant ; l’eau, à peine ridée au passage de nos barques lentes. De temps à autre, interrompant nos pensées, les rameurs s’arrêtent, se baissent pour prendre de l’eau et boire dans le creux de leurs mains ; ou bien quelque poisson, dérangé de son sommeil, saute et retombe ; — on les laisse bien en repos, de nos jours, les poissons que jadis péchaient les apôtres, et ils ont dû se reproduire sans nombre dans ce lac abandonné. Après deux ou trois heures de route, nous abordons enfin, parmi les roseaux et les lauriers roses, en un lieu nommé Tell-Houm, qui passe depuis le XVII e siècle pour être la Capernaüm choisie par Jésus et appelée « sa ville » dans l’Écriture (Saint-Mathieu, IX, 1). Mais plus vraisemblablement, c’était cette Corozaïn