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Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/98

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qui fut comprise dans ces imprécations : «  Malheur à toi, Corozaïn ! malheur à toi, Bethsaïde !… Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous, au jour du jugement dernier. » (Luc, X, 13, 14 ; Mathieu, XI, 20, 22.) Il faut se frayer un chemin à coups de bâton dans les plantes enchevêtrées, dans les roseaux, les chardons, les acanthes, pour arriver aux ruines. Des mouches, des libellules innombrables s’envolent autour de nous, s’échappent de toutes ces hautes fleurs qui nous dépassent. Une grande chose noire est là tendue sur les herbages, comme un nid de chenilles géantes : une tente de Bédouins. Et deux jeunes figures maigres, sauvages, sombres, coiffées du traditionnel voile brun dont les pointes leur font de longues oreilles de chèvre, surgissent à demi d’un fouillisde graminées, comme des bêtes qui se lèveraient inquiètes à l’approche des chasseurs. Il y a toujours des Bédouins campés sur les ruines, dans l’espoir d’y trouver des trésors… A terre, couchées et presque enfouies, gisent des colonnes d’ordre corinthien, en basalte noir, des soubassements, des frises sculptées ; le tout noyé dans une végétation chaude et folle. On aimerait pouvoir admettre l’opinion qui place ici Capernaüm, car alors ces débris seraient ceux du