Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/154

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Lorsque la guerre générale a éclaté, Pierre Loti a beaucoup supplié les chefs inavisés et inintelligents qui détenaient alors le pouvoir, pour que nous restions neutres. Ses lettres sont des suppliques pleines d’émotion. Bien plus que l’affaiblissement que nous pouvions occasionner à la France et à ses alliés, il appréhendait notre déroute et notre détresse à la fin de cette aventure. Ah ! mon Dieu, comme ces cris d’alarme, partis de la conscience et de la plume de notre ami, étaient sincères et bienveillants ! Exprimons nos regrets de ce que ces avis éclairés de Pierre Loti soient restés sans effet et maudissons ceux qui en ont été la cause !

Lorsque nous avons lié notre sort à l’Alle­magne et à l’Autriche, l’armée de Guillaume avait perdu la première bataille de la Marne. C’est dans un moment aussi inopportun et aussi dangereux que nous nous sommes jetés dans la mêlée. Aucune raison admissible ne peut être invoquée pour excuser et pour absoudre la con­duite de deux ou trois personnes qui nous ont poussés à la légère dans le foyer ardent de la guerre générale.

Cependant n’y a-t-il aucune circonstance qui puisse innocenter, décharger de cette erreur le Turc aimé de Pierre Loti, et même justifier son