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Son compte rendu porte qu’après examen du cadavre il a constaté une blessure par « balle de fusil Mauser non extraite ». (Or, dans la région de Beilan, seuls quelques Turcs ou Kurdes avaient encore en main des fusils allemands.) Le capitaine M… trouve ce certificat étrange, il me le montre ; je dis ignorer comment on peut reconnaître la nationalité d’une balle non extraite d’après l’aspect de la blessure. Et le capitaine M… monte aussitôt, en auto, à Beilan ; il fait découvrir le corps du Turc et, devant plusieurs sous-officiers français, est constatée l’existence de multiples coups de baïonnettes françaises (on sait que la baïonnette française est le seul instrument au monde laissant sur un corps des blessures triangulaires et caractéristiques) ; et pas de trace de coup de feu. Or, dans les environs de Beilan, à cette date, il n’y avait de baïonnettes françaises qu’entre les mains des soldats arméniens. Peu importent les suites de l’histoire.

Voilà donc un Arménien, cultivé, parlant parfaitement la langue française, docteur en médecine de je ne saurais dire quelle faculté, et qui certifie sur son honneur de médecin, en un document officiel, des choses manifestement contraires à la vérité.

D’autre part, en janvier 1919, au village