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arménien de Durtyol (ou Chokmerjumen) en Cilicie, eurent lieu des troubles ; Durtyol était occupé par une compagnie de la Légion d’Orient. Étaient revenus dans ce village beaucoup d’Arméniens qui en avaient été déportés depuis la guerre. (Il y aurait probablement beaucoup à dire sur la part des responsabilités qui incombe au général allemand Liman von Sanders en ce qui concerne ces déportations.) Toujours est-il qu’en ce début de janvier 1919, on apprenait à chaque instant à Alexandrette que des Turcs étaient assassinés dans la région de Durtyol. Le 11 janvier, au soir, fusillade entre Durtyol et la partie est de ce village, située plus haut, sur les pentes de la montagne, et occupée par des Kurdes.

Or, dans la partie arménienne du village, et sous la direction de l’officier français de la Légion d’Orient, était officiellement resté un lieutenant de gendarmerie turc, avec ses gendarmes turcs. Eh bien, ce lieutenant est allé, seul, à découvert, dans l’après-midi du lendemain 12, en son uniforme d’officier turc, dans la direction des Kurdes, les sommant de cesser leur tir contre les Arméniens, et il a été blessé, ce faisant, d’une balle kurde qui lui a traversé les deux avant-bras. Au reste, l’effervescence a été calmée