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c’est, je crois bien, la longueur du cou et l’extrême petitesse de la tête. Mais le charme, l’air vraiment chat, est dans les yeux ; des yeux bridés, retroussés, câlins, spirituels et tout le temps narquois.

Mademoiselle Matsuko, la guécha, suit à quelques pas derrière, très jolie aussi, mais boudeuse, avec une moue de dignité offensée, ayant trop bien compris que je ne viens point pour elle, et affectant de plus en plus de s’habiller sans recherche, en des nuances éteintes.

Non seulement elle danse, mais elle chante aussi, mademoiselle Pluie-d’Avril, ou elle déclame, tout en exécutant les pas que mademoiselle Matsuko lui joue sur sa longue mandoline. Et ce sont des séries de petits miaulements tout à fait chatiques, mais à peine perceptibles, avec, de temps à autre, en baissant la tête, des sons impayables, tirés du fond du gosier, et visant aux notes de basse-taille, — comme quand les moumouttes sont très en colère,

Elle m’a exécuté aujourd’hui la « danse des roues de fleurs », qui exige un jeu de plusieurs cerceaux garnis de camélias rouges, et le « pas