Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/61

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la Saint-Sylvestre, se chauffaient là, tout le long des allées, des alignements de potiches où l’on voyait des chênes, des pins, des cèdres centenaires, la mine vénérable et caduque, pas plus hauts que des choux. Mais je ne voulais que des fleurs coupées, des roses d’arrière-saison, des branches de camélias à pétales rouges, de quoi remplir deux pousse-pousse, qui ont traversé la ville à ma suite.

Ce soir donc, toute cette moisson était dans ma chambre du Redoutable qui ressemblait à la cabane d’un fleuriste. Deux braves matelots en composaient des gerbes sous ma direction, et, à l’heure du thé, je les ai portées à notre amiral, qui nous semblait près de mourir il y a trois semaines, mais qui a repris sa figure des bons jours, qui est ressuscité comme par miracle, au milieu de ce calme que le Japon lui donne.