Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/60

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saki s’enferme. Sur les versants au midi, les oranges mûrissent ; les énormes cycas de cent ans, qui, au seuil des vieilles pagodes, semblent des bouquets d’arbres antédiluviens, baignent dans la lumière leurs plumes vertes ; contre les murs des jardins, les camélias fleurissent, avec les dernières roses, et on peut s’asseoir dehors comme au printemps, devant les petites maisons-de-thé qui sont perchées au-dessus de la ville, à différentes hauteurs, parmi les temples et les milliers de tombeaux.

Vers la fin de la journée, quand le soleil s’en va et quand c’est l’heure de rentrer à bord, il fait juste assez froid pour que l’on trouve hospitalière et aimable la petite salle aux murs de tôle, bien chauffée par la vapeur, le « carré » où l’on dîne avec de bons camarades.

Et aujourd’hui, dernier jour de l’an et du siècle, par un temps tiède, suave, tranquille, je suis allé chez messieurs les horticulteurs nippons qui, de père en fils, torturent longuement les arbres, dans des petits pots, parmi des petites rocailles, pour obtenir des nains vieillots qui se vendent très cher. Au soleil de