Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/69

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contrer, c’était chaque fois une joie et une surprise à n’en plus revenir ; des dames, qui se trouvent nez à nez à un carrefour, stationnent une heure en face les unes des autres, cassées en deux pour les plus profondes révérences, et c’est à qui n’osera pas se redresser la première. Du côté des hommes, même de ceux qui restent vêtus à la japonaise, les chapeaux melon sévissent en ce jour avec fureur, et quelques grands élégants, fidèles encore à la robe de soie des ancêtres, ont fait cependant une concession au goût moderne en se coiffant d’un haut de forme.

Très empressés, les visiteurs, les visiteuses, en général sont reçus dans le vestibule de la maison, — le petit vestibule tapissé de nattes blanches, où se trouve aujourd’hui un plateau rempli de sucreries cocasses, à côté de l’inévitable vase de bronze contenant la braise pour allumer les pipes en miniature des dames. Ils dégoisent avec volubilité leurs compliments, ces visiteurs si polis, leurs compliments entrecoupés de révérences, saisissent du bout des doigts, après mille cérémonies