Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/70

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et mille grâces, un de ces petits bonbons en forme de fleur ou d’oiseau, tout à fait immangeables pour nous, puis reprennent leur course, en se retournant plusieurs fois dans la rue pour saluer encore,

Oh !… Mon petit chat qui fait ses visites lui aussi !… Mon petit chat vêtu de couleurs presque sévères, pour la rue, et s’empressant comme les grandes personnes à remplir ses devoirs de civilité !… Non, qui n’a pas vu la petite mademoiselle Pluie-d’Avril assise avec dignité dans son pousse-pousse, et tenant en main ses cartes de visite, lilliputiennes comme elle-même ; qui n’a pas rencontré ça, et n’en a pas reçu au passage un cérémonieux salut, : n’imaginera jamais la grâce et le charme d’une mousmé de douze ans, diplômée pour la danse et le beau maintien…

Tant de remuement comique, et un si clair soleil sur la bigarrure des costumes, chassaient la tristesse que chaque premier de l’an traîne à sa suite ; mais elle n’était pas loin, elle rôdait dans l’air, cette tristesse à laquelle on n’échappe pas ce jour-là, et bientôt nous nous