Page:Loti - La troisième jeunesse de Madame Prune, 1905.djvu/79

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de nous, dans le moment même qu’il se déchausse, est accaparé par une de ces gentilles créatures, qui ne le quittera plus ; du premier coup, les couples se forment dans le brouhaha de l’arrivée, presque sans choix, comme au hasard, et c’est deux par deux, la main dans la main, que nous gravissons l’escalier, avec une musique de petits rires voulus, puérils sans naïveté, mais jolis quand même.

Au premier étage, la salle de réception, où nous sommes juste douze, les guéchas comprises, contiendrait facilement deux cents convives ; nous y avons l’air perdu, au milieu de l’immaculée blancheur du papier mural, ou des nattes couvrant le plancher. Et il n’y a rien pour orner cette blanche solitude : ce serait une faute d’élégance ; rien qu’un grand bouquet frêle qui s’élance d’un vase ancien et rare, posé sur un haut socle d’ébène ; tout le luxe du lieu consiste dans les vastes proportions, l’espace, et aussi dans la finesse des boiseries, l’impeccable netteté des choses.

Le seigneur, pour nous recevoir, a repris ses longues robes de soie ; n’étaient ses cheveux