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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/107

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V


Trois ans plus tard, en 1904.

André Lhéry, qui était — vaguement et d’une façon intermittente — dans les ambassades, venait de demander, après beaucoup d’hésitations, et d’obtenir un poste d’environ deux années à Constantinople.

S’il avait hésité, c’est parce que d’abord toute position officielle représente une chaîne, et qu’il était jaloux de rester libre ; c’est aussi parce que, deux ans loin de son pays, cela lui semblait bien plus long que jadis, au temps où presque toute la vie était en avant de sa route ; c’est enfin et surtout parce qu’il avait peur d’être désenchanté par la Turquie nouvelle.

Il s’était décidé pourtant, et un jour de mars, par un temps sombre et hivernal, un paquebot l’avait déposé sur le quai de la ville autrefois tant aimée.

À Constantinople, l’hiver n’en finit plus. Le vent de la Mer Noire soufflait ce jour-là furieux et glacé,