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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/132

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VII

Cette longue lettre fut mystérieusement apportée chez André Lhéry le lendemain soir.

"Hier, vous nous avez dit que vous ne connaissiez pas la femme turque de nos jours, et nous nous en doutions bien, car qui donc la connaîtrait, quand elle-même s’ignore ?

D’ailleurs, quels sont les étrangers qui auraient pu pénétrer le mystère de son âme ? Elle leur livrerait plus aisément celui de son visage. Quant aux femmes étrangères, quelques-unes, il est vrai, sont entrées chez nous:mais elles n’ont vu que nos salons, aujourd’hui à la mode d’Europe ; le côté extérieur de notre vie.

Eh bien ! voulez-vous que nous vous aidions, vous, à nous déchiffrer, si le déchiffrage est possible ? Nous savons, à présent que l’épreuve est faite, que nous pouvons être amis; car c’était une épreuve:nous voulions nous assurer s’il y avait autre chose que du talent derrière vos phrases ciselées… Nous sommes-nous donc trompées en nous imaginant qu’au moment de vous éloigner de ces fantômes noirs en danger, quelque chose s’est ému en vous ? curiosité, déception, pitié peut-être; mais ce n’était pas l’indifférence laissée par une rencontre banale.

Et puis surtout vous avez bien senti, nous en sommes sûres, que ces paquets sans forme ni grâce n’étaient point