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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/160

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presque ensemble, de leur gentilles voix charmeuses, en lui tendant la main.

À quoi André répondit un peu mélancoliquement :

— Est-ce que je savais, moi, si vous reviendriez ?

— Eh bien ! les revoilà, vos trois petites âmes en peine, qui ont toutes les audaces… Et, où nous conduisez-vous ?

— Mais, ici même, si vous voulez bien… Tenez, ce carré de tombes, il est tout trouvé pour nous y asseoir… Je n’aperçois personne d’aucun côté… Et puis, je suis en fez ; nous parlerons turc si quelqu’un passe, et on s’imaginera que vous vous promenez avec votre père…

— Oh ! rectifia vivement « Zahidé », notre mari, vous voulez dire…

Et André la remercia, d’un léger salut.

En Turquie, où les morts sont entourés de tant de respect, on n’hésite pas à s’installer au-dessus d’eux, même sur leurs marbres, et beaucoup de cimetières sont des lieux de promenade et de station à l’ombre, comme chez nous les jardins et les squares.

— Cette fois, dit » Néchédil », en prenant place sur une stèle qui gisait dans l’herbe, nous n’avons pas voulu vous donner rendez-vous très loin, comme le premier jour : votre courtoisie à la fin se serait lassée.

— Un peu fanatique, cet Eyoub, peut-être, pour une aventure comme la nôtre, observa « Zahidé » ;