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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/174

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une porte à deux battants et un frappoir en cuivre, est celle où nous serons à vous attendre. N’amenez pas votre ami ; venez seul, c’est plus sûr.

DJÉNANE.


À partir de deux heures et demie, je serai au guet derrière cette porte entre-bâillée. Mettez encore le fez, et autant que possible un manteau couleur de muraille. Elle sera plus que modeste, cette toute petite maison de notre rendez-vous d’adieu. Mais nous tâcherons de vous laisser un bon souvenir de ces ombres qui auront passé dans votre vie, si rapides et si légères, que peut-être douterez-vous, après quelques jours, de leur réalité.

MÉLEK.


Et pourtant, si légères, elles ne furent point « plumes au vent », emportées vers vous au gré d’un caprice. Mais, le premier, vous avez senti que la pauvre Turque pouvait bien avoir une âme, et c’est de cela qu’elles voulurent vous dire merci.

Et cette « aventure innocente », si courte et presque irréelle, ne vous aura pas laissé le temps d’arriver à la lassitude. Ce sera, dans votre vie, une page sans verso.

Samedi, avant de disparaître pour toujours, nous vous dirons bien des choses, si l’entretien n’est pas coupé, comme celui d’Eyoub, par une émotion et une fuite. Donc, à bientôt, notre ami.

ZEYNEB.


Moi qui suis le grand stratégiste de la bande, on m’a chargée de dessiner ce beau plan, que je joins à la lettre, pour que vous vous y retrouviez. Bien que l’endroit ait un peu l’air d’un petit coupe-gorge, que votre ami soit sans inquiétude : rien de plus honnête ni de plus tranquille.

re-MÉLEK (MÉLEK rursus).