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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/191

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L’instant d’après, la vieille dame passa, voile baissé, tâtant les modestes tapis du bout de sa canne-béquille. À André, elle ne manqua bien de demander :

"Eh bien ? il va mieux, ce cher garçon ?

— Beaucoup mieux, répondit-il, depuis ce matin surtout.

— Allons, merci, merci !…"

Puis elle disparut par une petite porte au fond du harem.

André d’ailleurs ne sollicita aucune explication. Il était ici en pleine invraisemblance de conte oriental ; elles lui auraient dit : « Une fée Carabosse va sortir de dessous le divan, touchera le mur d’un coup de baguette, et ça deviendra un palais », qu’il aurait admis sans plus de commentaires.

Après le passage de la dame à bâton, il leur restait quelques minutes pour causer. Quand il fut l’heure, elles le congédièrent avec promesse qu’on se reverrait une fois encore au risque de tout :

« Allez, notre ami ; acheminez-vous jusqu’au bout de l’impasse, d’une allure lente et rêveuse, en jouant avec votre chapelet ; à travers les grillages, nous surveillerons toutes les trois la dignité de votre sortie. »