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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/203

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— Djénane Tewfik-Pacha, une des fleurs d’élégance de la jeune Turquie.

— Ah !… Jolie ?

— Plus que jolie. Ravissante.

— Et riche, à en juger par l’équipage ?

— On dit qu’elle possède en Asie la valeur d’une province. Justement, une de vos admiratrices, cher maître.—(Elle appuyait narquoisement sur le « cher maître », sachant que ce titre l’horripilait.)—La semaine dernière, à la Légation de ***, on avait licencié pour l’après-midi tous les domestiques mâles, vous vous rappelez, afin de donner un thé sans hommes, où des Turques pourraient venir… Elle était venue… Et une femme vous bêchait, mais vous bêchait…

— Vous ?

— Oh ! Dieu, non : ça ne m’amuse que quand vous êtes là… C’était la comtesse d’A… Eh bien ! madame Tewfik-Pacha a pris votre défense, mais avec un élan… Je trouve d’ailleurs qu’elle a l’air de bien vous intéresser ?

— Moi ! Oh ! comment voulez-vous ? Une femme turque, vous savez bien que, pour nous, ça n’existe pas ! Non, mais j’ai remarqué ce coupé, très comme il faut, que je rencontre souvent…

— Souvent ? Eh bien ! vous avez de la chance : elle ne sort jamais.

— Mais si, mais si ! Et généralement je vois deux autres femmes, de tournure jeune, avec elle.