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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/227

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XVIII


Après les ciels changeants du mois de mai, où le souffle de la Mer Noire s’obstine à promener encore tant de nuages chargés de pluie froide, le mois de juin avait déployé tout à coup sur la Turquie le bleu profond de l’Orient méridional. Et l’exode annuel des habitants de Constantinople vers le Bosphore s’était accompli. Le long de cette eau, presque tous les jours remuée par le vent, chaque ambassade avait pris possession de sa résidence d’été, sur la côte d’Europe ; André Lhéry donc s’était vu obligé de suivre le mouvement et de s’installer à Thérapia, sorte de village cosmopolite, défiguré par des hôtels monstres où sévissent le soir des orchestres de café-concert ; mais il vivait surtout en face, sur la côte d’Asie restée délicieusement orientale, ombreuse et paisible.

Il retournait souvent aussi à son cher Stamboul, dont il était séparé là par une petite heure de