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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/259

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livrée dans ses longues lettres, et de la voir ainsi, cela rendait André un peu nerveux, par instants, presque agressif.

Aujourd’hui, elle cherchait à maintenir la conversation sur le livre :

"Ce sera un roman, n’est-ce pas ?…

— Comment saurais-je faire autre chose ? Mais encore, je ne le vois pas du tout ce roman-là.

— Permettez-vous que je vous dise ce que je pensais ? Un roman, oui, et dans lequel vous seriez un peu.

— Ah ! cela non, par exemple.

— Laissez-moi expliquer. Vous ne parleriez pas à la première personne, je sais déjà que vous ne le voulez plus. Mais il pourrait y avoir là— dedans un Européen de passage dans notre pays, un chantre de l’Orient qui verrait avec vos yeux et sentirait avec votre âme…

— Et on ne me reconnaîtrait pas du tout, soyez-en sûre !

— Qu’est-ce que ça peut vous faire ? Laissez-moi continuer, voulez— vous… Il aurait rencontré clandestinement, avec les mille dangers inévitables, une de nos sœurs de Turquie et ils se seraient aimés…

— Ensuite ?

— Ensuite, eh bien ! il part, comme c’est fatal, voilà tout…