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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/286

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chose, ce marais asiatique et le sien, qu’il lui arrivait de se croire ici chez lui, replongé dans la première période de son éveil à la vie… Mais alors, il y avait ces trois petites fées orientales, dont la présence constituait un anachronisme étrange et charmant….

Le vendredi 7 octobre 1904 arriva, dernier vendredi des Eaux-Douces dAsie, car les ambassades redescendaient la semaine suivante à Constantinople, et, chez les trois petites Turques, on se disposait à faire de même. Du reste, toutes les maisons du Bosphore allaient fermer leurs portes et leurs fenêtres, pour six mois de vent, de pluie ou de neige.

André et ses amies avaient échangé leur parole de faire tout au monde pour se revoir ce jour-là aux Eaux-Douces, puisque ce serait fini ensuite, jusquà lété prochain si entouré dincertitudes.

Le temps menaçait, et lui, partant quand même dans son caïque pour le rendez-vous, se disait : On ne les laissera pas séchapper, avec ce vent qui se lève. Mais lorsqu’il passa sous leurs fenêtres, il vit sortir des grillages le coin de mouchoir blanc que Mélek faisait danser, et qui signifiait, en langage convenu : Allez toujours. On nous a permis. Nous vous suivons.

Aucun encombrement aujourdhui sur la petite rivière, ni sur les pelouses environnantes, où les colchiques dautomne