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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/307

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à Stamboul, qu’il a aimé jadis. Y retrouve-t-il sa jeunesse, ses enthousiasmes ?… (À vous de répondre, monsieur Lhéry !) Il y rencontre une de nos sœurs qui lui aurait écrit précédemment, comme tant dautres pauvres petites, éblouies par son auréole. Et alors ce qui, il y a vingt ans, fût devenu de lamour, nest plus chez lui que curiosité artistique. Bien entendu, je ne ferais pas de lui un de ces hommes fatals qui sont démodés depuis 1830, mais seulement un artiste, quamusent les impressions nouvelles et rares. Il accepte donc les entrevues successives, parce quelles sont dangereuses et inédites. Et que peut-il en advenir, si ce nest lamour ?… mais en elle, pas en lui, qui nest quun dilettante et ne voit là-dedans quune aventure….

"Ah ! non, dit-elle tout à coup, en se levant avec une impatience enfantine, vous mécoutez là, tous, vous me faites pérorer comme un bas bleu… Tenez, je me sens ridicule. Plutôt je vais danser encore une danse de mon village ; je suis en odalisque, et ça mira mieux… Toi, Chahendé, je ten prie, joue cette ronde des pastoures, que nous répétions avant larrivée de monsieur Lhéry, tu sais… Et elle voulut prendre ses deux sœurs par la main pour danser.

Mais les assistantes protestèrent, réclamant la fin du scénario.

Et, pour la faire se rasseoir, elles sy mirent toutes, aussi bien les deux autres petites houris pailletées dor que les fantômes en deuil.

« Oh ! vous mintimidez