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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/308

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à présent !… Vous mennuyez bien… La fin de lhistoire ?… Mais il me semble quelle était finie… Navions-nous pas dit tout à lheure que lamour dune musulmane navait dautre issue que la fuite ou la mort ?… Eh bien ?… Mon héroïne à moi est trop fière pour suivre létranger. Elle mourra donc, non pas directement de cet homme, mais plutôt, si vous voulez, de ces exigences inflexibles du harem qui ne lui laissent pas le moyen de se consoler de son amour et de son rêve, par laction. »

André la regardait parler. Aujourdhui son aspect dodalisque, dans ses atours qui avaient cent ans, rendait plus inattendu encore son langage ; ses prunelles vert sombre restaient levées obstinément vers le vieux plafond compliqué darabesques, et elle disait tout cela avec le détachement dune personne qui invente un joli conte, mais ne saurait être mise en cause… Elle était insondable….

Ensuite, quand les dames noires s’en furent allées, elle sapprocha de lui, toute simple et confiante, comme une bonne petite camarade :

"Et maintenant quelles sont parties, quavez-vous ?

— Ce que jai… Vos deux cousines peuvent lentendre, nest-ce pas ?

— Certainement, répondit-elle, à demi blessée. Quels secrets pourrions— nous avoir vis-à-vis delles, vous et moi ? Ne vous ai-je pas dit, dès le début, que toutes