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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/324

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minarets qui alors deviennent à peine visibles tant ils ont pris la couleur du ciel et de la nuit. Mais, en revanche, somnolence générale tant que dure le jour ; la vie orientale est arrêtée, les boutiques sont closes ; dans les innombrables petits cafés, qui dordinaire ne désemplissent jamais, plus de narguilés, plus de causeries, seulement quelques dormeurs allongés, sur les banquettes, la mine fatigué par les veilles et par le jeûne. Et dans les maisons, jusquau coucher du soleil, même accablement que dehors. Chez Djénane en particulier, où les domestiques étaient vieux comme les maîtres, tout le monde dormait, nègres imberbes, ou gardiens moustachus avec pistolets à la ceinture.

Le 12 Ramazan 1322, jour fixé pour lextravagante entreprise, la grand— mère et les grands-oncles, grippés à point, gardaient la chambre, et, circonstance inespérée, madame Husnugul, depuis deux jours, était retenue au lit par une indigestion, contractée au cours dun iftar.

André devait se présenter à deux heures précises, à la minute, à la seconde ; il avait la consigne de raser les murailles, pour nêtre point vu des fenêtres surplombantes, et de ne se risquer dans la grande porte que si on lui montrait, à travers les grilles du premier étage, le coin dun mouchoir blanc, —le signal habituel.