Aller au contenu

Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et, quand il se présenta:

« Mon bon Yousouf, une commission vraiment pressée. Monte à Péra bien vite, pour nous acheter un livre nouveau, dont je vais t’inscrire le nom sur une carte; au besoin, tu feras tous les libraires de la grand-rue, mais surtout ne reviens pas bredouille ! »

Et voici ce qu’elle écrivit sans rire:« Les Désenchantées, le dernier roman d’André Lhéry. »

Une ronde encore dans les couloirs, après de nouveaux ordres jetés aux uns et aux autres pour les occuper ailleurs; puis elle vint prendre André par la main, d’une course folle l’entraîna jusqu’en bas, et un peu nerveusement le poussa dehors.

Lui s’en alla, rasant de plus près que jamais les vieilles murailles, se demandant si cette porte, fermée peut-être avec trop de bruit, n’allait pas se rouvrir pour une bande de nègres avec revolvers et bâtons, lancés à sa poursuite.

Elles lui avouèrent le lendemain leur mensonge, au sujet de ces petits voiles de Circassie. À la maison, elles n’en mettaient point. Mais, pour une musulmane, montrer à un homme tous ses cheveux, montrer sa nuque surtout, est plus malséant encore que montrer son visage, et elles n’avaient pu s’y résoudre.