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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/368

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XXXIX


LETTRE QU’IL REÇUT DE DJÉNANE,
LA SEMAINE SUIVANTE


Le 22 juin 1905.

Me voici de retour au Bosphore, André, comme je vous l’avais promis, et il me tarde infiniment de vous revoir. Voulez-vous descendre jeudi à Stamboul et venir vers deux heures à Sultan-Selim, dans la maison de ma bonne nourrice ? J’aime mieux là que chez notre amie, à Sultan-Fatih, parce que c’était le lieu de nos premières rencontres…

Mettez votre fez, naturellement, et observez les précautions d’autrefois ; mais n’entrez que si notre signal habituel, le coin d’un mouchoir blanc, sort d’entre les grilles, à l’une des fenêtres du premier étage. Sinon, l’entrevue sera manquée, hélas ! et peut-être pour longtemps ; alors, continuez votre chemin jusqu’au bout de l’impasse, puis, revenez sur vos pas, de l’air de quelqu’un qui s’est trompé.

Tout est plus difficile cette année, et nous vivons dans des transes continuelles…

Votre amie,
DJÉNANE.