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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/393

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Cependant il fit retourner son caïque linstant daprès, pour la croiser encore tout à lheure quand elle redescendrait le cours du ruisseau. Presque plus personne lorsqu’ils se retrouvèrent près lun de lautre, dans ce croisement rapide. Et, à cette seconde rencontre, la figure quenveloppait le yachmak de mousseline blanche se détacha pour lui sur les cyprès sombres et les stèles dun vieux cimetière, qui est posé là au bord de leau ; —car dans ce pays les cimetières sont partout, sans doute pour maintenir plus présente la pensée de la mort.

Le soleil, déjà bas, et ses rayons, devenus roses, il fallait sen aller. Leurs deux caïques sortirent presque en même temps de létroite rivière, et se mirent à remonter le Bosphore, dans la magnificence du soir, celui dAndré à une centaine de mètres derrière celui de Djénane…, Il la vit de loin mettre pied sur son quai de marbre et rentrer dans son yali sombre.

Ce quelle venait de faire en disait très long : seule, être allée aux Eaux-Douces, —de pus, y être allée en yachmak, afin de montrer ses yeux et den graver lexpression dans la mémoire de son ami. Mais André, qui d’abord avait senti tout ce qu’il y avait là de particulier et de touchant, se rappela soudain un passage de Medjé où il racontait quelque chose danalogue, à propos dun regard solennel échangé dans