Aller au contenu

Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/415

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de douceur affectueuse : « On ma fait connaître Hamdi Bey, ce dernier vendredi à Yldiz ; il est distingué, élégant et de jolie figure. » Mais elle coupa court, sanimant pour la première fois : « Si vous voulez bien, André, nous ne parlerons pas de cet homme. » Il apprit alors par Zeyneb que dans la famille, si atterrée par la mort de Mélek, on ne songeait plus à ce mariage pour le moment.

Cétait vrai qu’il avait rencontré Hamdi Bey et lavait trouvé tel. Depuis lors, il sefforçait même de se dire : « Je suis très heureux qu il soit ainsi, le mari de ma chère petite amie. » Mais cela sonnait faux, car au contraire il souffrait davantage de lavoir vu, davoir constaté son charme extérieur et surtout sa jeunesse.

Après les avoir quittées, lorsqu’il refit, comme tant dautres fois, la si longue route entre cette maison et la sienne, Stamboul, plus que jamais, lui produisit leffet dune ville qui sen va, qui piteusement soccidentalise, et plonge dans la banalité, lagitation, la laideur ; après ces rues encore immobiles, autour de Sultan-Selim, dès qu’il atteignit les quartiers bas qui sont proches des ponts, il sécœura au milieu du grouillement des foules qui, de ce côté, na point de cesse ; dans la boue, dans lobscurité des ruelles étroites, dans le brouillard froid du soir, tous ces empressés qui vendaient ou achetaient mille pauvres choses