Aller au contenu

Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/420

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vibrantes, à cette entrevue suprême, restait confondu devant leur calme. Et puis il avait bien compté revoir les yeux de Djénane, ce dernier jour ; mais non, les minutes passaient, et rien ne bougeait dans larrangement du tcharchaf sévère, ni dans les plis de ce voile, sans doute aussi définitivement baissé que sil était de bronze sur un visage de statue.

Vers trois heures et demie enfin, tandis qu’ils parlaient du « livre » pour dire quelque chose, une presque soudaine pénombre vint envahir le petit harem, et tous les trois en même temps firent silence.— « Allons !… » dit simplement Zeyneb, de sa jolie voix malade, en montrant de la main les fenêtres grillagées que néclairait plus le reflet de la maison voisine… Le rayon venait de se perdre au-dessus des vieux toits; cétait lheure, et André se leva. Pendant la minute de lextrême fin, où ils furent debout les uns devant les autres, il eut le temps de penser:« Cette fois était la seule, bien la seule où j’aurais pu la regarder encore, avant que ses yeux et les miens retournent à la poussière… » Être si absolument sûr de ne plus jamais la rencontrer, et cependant partir ainsi, sans lavoir revue, non, il ne sattendait pas à cela; mais il en subit la déception et langoissante mélancolie sans rien dire. Sur la petite main qui lui était tendue, il sinclina cérémonieusement pour la baiser du bout des lèvres, et ce fut tout ladieu….