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Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/421

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Maintenant, les vieilles rues désertes, les vieilles rues mortes, par où il sen allait seul.

Cela a très bien fini, se disait-il. Pauvre petite emmurée, cela ne pouvait mieux finir !… Et moi, je mimaginais fatuitement que ce serait dramatique….

Cétait même plutôt trop bien, cette fin-là, car il sen allait avec un tel sentiment de vide et de solitude !… Et une tentation le prenait de revenir sur ses pas, vers la porte au vieux frappoir de cuivre, pendant quelles pouvaient y être encore. À Djénane il aurait dit : « Ne nous quittons pas ainsi, chère petite amie ; vous qui êtes gentille et bonne, ne me faites pas cette peine ; montrez-moi vos yeux une dernière fois, et puis serrez ma main plus fort ; je men irai moins triste… » Bien entendu il nen fit rien et continua sa route. Mais, à cette heure, il aimait avec détresse tout ce Stamboul, dont les milliers de feux du soir commençaient à se refléter dans la mer ; quelque chose ly attachait désespérément, il ne définissait pas bien quoi, quelque chose qui flottait dans lair au-dessus de la ville immense et diverse, sans doute une émanation dâmes féminines, —car dans le fond c’est presque toujours cela qui nous attache aux lieux ou aux objets, —des âmes féminines qu’il avait aimées et qui se confondaient ; était-ce de Nedjibé, ou de Djénane, ou delles deux, il ne savait trop….