Aller au contenu

Page:Loti - Les Désenchantées, 1908.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

confitures, dans ce harem de pacha, composé de la grand-mère, de la mère, des filles, et des nièces avec leurs institutrices.

Du reste, à part deux ou trois exceptions peut-être, tous les harems de Constantinople ressemblent à celui-ci : le harem de nos jours, c’est tout simplement la partie féminine d’une famille constituée comme chez nous, —et éduquée comme chez nous, sauf la claustration, sauf les voiles épais pour la rue, et l’impossibilité d’échanger une pensée avec un homme, s’il n’est le père, le mari, le frère, ou quelquefois par tolérance le cousin très proche avec qui l’on a joué étant enfant.

On avait recommencé de parler français et de discuter toilette quand une voix humaine, si limpide qu’on eût dit une voix céleste, tout à coup vibra dehors, comme tombant du haut de l’air :

l’Imam de la plus voisine mosquée appelait du haut du minaret les fidèles à la prière méridienne.

Alors la petite fiancée, se rappelant que sa grand-mère déjeunait à midi, s’échappa comme Cendrillon, avec mademoiselle Bonneau, encore plus effarée qu’elle à l’idée que la vieille dame pourrait attendre. III