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Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/103

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MADAME CHRYSANTHÈME

produire une sorte de gloussement de dindon, tout à fait extraordinaire. Toujours du bizarre à outrance, du saugrenu macabre ; partout des choses à surprise qui semblent être les conceptions incompréhensibles de cervelles tournées à l’envers des nôtres…

Dans les maisons de thé en renom, où nous finissons nos soirées, les petites servantes à présent nous saluent à l’arrivée avec un air de connaissance respectueuse, comme une des bandes menant à Nagasaki la grande vie. Là, ce sont des causeries à bâtons rompus dont le sens souvent échappe, des quiproquos sans fin à mots étranges — dans des jardinets éclairés aux lanternes, auprès de bassins à poissons rouges où il y a des petits ponts, des petits îlots et des petites tours en ruine. On nous sert du thé, des bonbons blancs ou roses au poivre, dont le goût ne rappelle rien de connu, des boissons étranges à la neige et à la glace, ayant goût de parfums ou de fleurs.


Pour raconter fidèlement ces soirées-là, il faudrait un langage plus maniéré que le nôtre ; il faudrait aussi un signe graphique inventé exprès, que