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MADAME CHRYSANTÈME

Nous suivons, comme en dérive dans ce flot humain, comme entraînés par lui. Il y a des bandes de femmes de tous les âges, en toilette parée ; surtout des mousmés innombrables ayant dans les cheveux des piquets de fleurs ou, à la manière d’Oyouki, des pompons d’argent : petits minois chiffonnés, petits yeux bridés de chat naissant, joues rondelettes et pâlottes ballant un peu aux abords des lèvres entr’ouvertes. Gentilles quand même, ces petites Nipponnes, à force d’enfantillage et de sourire. Du côté des hommes, beaucoup de chapeaux melon, ajoutés pour plus de pompe à la longue robe nationale et complétant bien ces laideurs gaies de singes savants. Ils tiennent à la main des branches, des arbustes entiers quelquefois, d’où pendent, mêlées au feuillage, les plus bizarres de toutes les lanternes, ayant des formes de diablotins ou d’oiseaux.

À mesure que nous avançons dans la direction de ce temple, les rues deviennent plus encombrées, plus bruyantes. Il y a maintenant, tout le long des maisons, des étalages sans fin sur des tréteaux : des bonbons de toute couleur, des jouets, des branches fleuries, des bouquets, des masques. Des