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Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/184

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MADAME CHRYSANTÈME

lures exagérées : — bleuâtre sur bleuâtre, diaphane sur diaphane. Et un coin de la rade apparaît aussi, très haut, très indécis, très pâle, ayant l’air d’un lac monté dans les nuages, les eaux ne se devinant qu’à un reflet de lumière lunaire qui les fait resplendir comme une nappe argentée.

Autour de nous gloussent toujours les longues trompettes de cristal. Comme les ombres de fantasmagorie, passent et repassent des groupes de gens polis et frivoles ; des bandes enfantines de ces mousmés à petits yeux, dont le sourire est d’une insignifiance si fraîche et dont les beaux chignons luisent, piqués de fleurs en argent. Et des hommes très laids promènent sans cesse, au bout de branches, leurs lanternes en forme d’oiseaux, de dieux, d’insectes.

Derrière nous, le temple, tout illuminé, tout ouvert ; les bonzes assis en théories immobiles, dans le sanctuaire étincelant d’or qu’habitent les divinités, les chimères et les symboles. La foule, avec son bourdonnement monotone de rires et de prières, se presse autour, lançant à pleine main ses offrandes ; avec un bruit continuel, le métal monnayé roule à terre, dans l’enceinte réservée