versé par un torrent étroit au lit profond, sur lequel sont jetés des petits ponts courbes aux balustres de granit rongés par le lichen. Toutes les choses qui sont là s’arrangent et grimacent bizarrement comme dans les plus antiques peintures nipponnes.
Je passais à l’heure brûlante de midi, et je ne voyais personne, — si ce n’est dans les bonzeries, par des fenêtres ouvertes, quelques rares prêtres, gardiens de sanctuaires ou de tombeaux, faisant la sieste sous leurs tendelets en gaze bleu-nuit.
Tout à coup, cette petite mousmé m’apparut, un peu au-dessus de moi, au sommet de la courbure, sur un de ces ponts tapissés de mousses grises ; en pleine lumière, en plein soleil, se détachant à la manière des fées éblouissantes sur un fond de vieux temples noirs et d’ombres. Elle retenait sa robe d’une main et la faisant plaquer au bas de ses jambes, pour se donner l’air plus svelte. Autour de sa petite tête étrange, son ombrelle ronde à mille plissures, éclairée par transparence, faisait une grande auréole bleue et rouge bordée de noir ; et un laurier rose chargé de fleurs, poussé entre les pierres de ce pont, s’étalait à côté d’elle, baigné lui aussi de soleil. Derrière cette jeune fille