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MADAME CHRYSANTHÈME

par terre, au milieu de mon appartement, le torse nu (ce qui est ici une tenue d’intérieur suffisamment correcte, j’en conviens). Et, autour de lui, Chrysanthème, Oyouki, mademoiselle Dédé la servante, s’empressant à lui essuyer le dos — avec des petites serviettes bleues peinturlurées de cigognes et de sujets drolatiques…

— Ah ! mon Dieu, qu’est-ce qu’il a bien pu faire pour avoir si chaud, pour s’être mis dans un état pareil ?

Il me raconte que, près de chez nous, — un peu plus haut dans la montagne, — il a découvert un tir au sabre et qu’il y a livré assaut jusqu’à nuit close — contre des Japonais qui tiraient à deux mains, en bondissant comme des chats, suivant l’usage de leur pays. Avec son escrime française, il les a battus à plate couture. Alors on lui a fait de grands saluts, de grands honneurs, — et apporté une quantité de bonnes petites choses très froides à boire. Tout cela réuni l’a fait transpirer beaucoup…

— Ah ! très bien. Mais je ne m’expliquais pas…

Il est ravi de sa soirée ; il ira tous les jours s’amuser à les battre ; il pense même faire des élèves.