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Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/251

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MADAME CHRYSANTHÈME

Sur son beau chignon noir brille un petit plumet d’argent ; sa silhouette est fine, gracieuse et d’une extrême étrangeté ; dans la nuit où nous sommes, on ne voit pas que sa figure est presque laide et sans yeux.

Vraiment, on dirait des petites fées. Chrysanthème et Jonquille, ce soir ; les moindres Japonaises, à certains moments, prennent de ces airs-là, à force de bizarrerie élégante et d’ingénieux arrangement.

L’escalier de granit, vide, immense, uniformément gris sous le ciel nocturne, paraît fuir en hauteur devant nous, — et en profondeur par derrière, quand on se retourne, — en profondeur, en dégringolade vertigineuse. Sur les degrés de cette pente s’allongent, s’allongent démesurées, les ombres noires des portiques religieux par lesquels il nous faut passer ; et ces ombres, qui semblent se casser au ressaut de chaque marche, ont sur toute leur étendue des plissures régulières d’éventail. Les portiques se dressent isolément, s’étagent les uns au-dessus des autres ; — leurs formes étonnantes sont à la fois d’une simplicité extrême et d’une recherche rare ; ils se dessinent avec une