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MADAME CHRYSANTÈME

sa main qui à tout instant frôle la mienne, me confirment même dans cette idée, que son air consterné de tout à l’heure m’avait fait concevoir : évidemment l’ensemble de ma personne parle à son imagination, restée romanesque après l’âge ! — je m’en irai avec le regret de l’avoir compris trop tard !!…

Si elles sont satisfaites de mon dessin, ces dames, moi je ne le suis guère. J’ai mis tout à sa place, bien exactement, mais l’ensemble a je ne sais quoi d’ordinaire, de quelconque, de français, qui ne va pas. Le sentiment n’est pas rendu, et je me demande si je n’aurais pas mieux réussi en faussant la perspective, à la japonaise, et en exagérant jusqu’à l’impossible les lignes déjà bizarres des choses. Et puis il manque à ce logis dessiné son air frêle et sa sonorité de violon sec. Dans les traits de crayon qui représentent les boiseries, il n’y a pas la précision minutieuse avec laquelle elles sont ouvragées, ni leur antiquité extrême, ni leur propreté parfaite, ni les vibrations de cigales qu’elles semblent avoir emmagasinées pendant des centaines d’étés dans leurs fibres desséchées. Il n’y a pas non plus l’im-