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MADAME CHRYSANTÈME

vaguement ; on voit luire comme de l’ébène poli tous les beaux chignons aux coques soignées ; les corps frêles se perdent dans les plis des vêtements trop larges, qui bâillent tous, comme prêts à tomber, sur les petits dos fuyants, et découvrent des nuques exquises.

Chrysanthème un peu mélancolique, ma belle-mère Renoncule avec mille grâces, s’empressent au milieu de ces groupes, où les pipes en miniature s’allument. On entend bientôt un murmure de rires discrets, qui n’expriment rien, mais qui ont un timbre exotique très gentil, et puis commence un pan ! pan ! pan ! d’ensemble, sec et rapide, contre les rebords finement laqués des boîtes à fumer. À la ronde, sur des plateaux dont les formes sont spirituellement variées, circulent des fruits confits aux épices. Ensuite paraissent des tasses en porcelaine transparente, grandes comme des moitiés d’œuf, et l’on offre aux dames quelques gouttes d’un thé sans sucre, contenu dans des bouillottes de poupée ; — ou bien un doigt de saki (alcool de riz qu’il est d’usage de servir chaud, dans d’élégantes burettes à long col de héron).

Différentes mousmés exécutent, à tour de rôle,