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MADAME CHRYSANTÈME

étranges, plus du tout mystérieuses. Je les traite un peu en baladines à mes ordres, et l’idée qui m’était venue d’épouser l’une d’elles me fait hausser les épaules à présent, — comme jadis à M. Kangourou.

La chaleur excessive causée par les mousmés qui respirent et par les lampes qui brûlent, développe le parfum des lotus ; il remplit l’air devenu très lourd, et on sent aussi l’huile de camélias que les dames mettent à profusion pour faire luire leur chevelure.

Mademoiselle Orange, la guécha enfant, la toute petite et la toute mignonne, dont le rebord des lèvres est doré au pinceau, exécute des pas délicieux, avec des perruques et de faux visages très extraordinaires en bois ou en carton. Elle a des masques de vieille dame noble qui sont des objets de prix, signés par des artistes connus. Elle a de longues robes somptueuses, taillées à la mode ancienne ; les traînes en sont garnies par le bas d’un bourrelet rigide, afin de donner aux mouvements du costume ce je ne sais quoi d’apprêté et de pas naturel qui convient.

Maintenant des souffles de brise tiède passent d’une véranda à l’autre, à travers le logis, agitant