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MADAME CHRYSANTÈME

en estime : il est le meilleur et le plus désintéressé de ma famille japonaise. Quand nos courses sont finies, il remise sa petite voiture sous un arbre et, très sensible à mon départ, il veut me reconduire jusqu’à la Triomphante pour veiller sur mes dernières emplettes, dans le sampan qui m’emporte, et monter tout cela lui-même dans ma chambre de bord.

C’est à lui, la seule poignée de main que je donne vraiment de bon cœur, sans un arrière-sourire, en quittant ce Japon.

Sans doute, dans ce pays comme dans bien d’autres, il y a plus de dévouement et moins de laideur chez les êtres simples, adonnés à des métiers physiques.

Appareillage à cinq heures du soir.

Deux ou trois sampans se tiennent le long du bord ; des mousmés sont là, enfermées dans les étroites cabines, et leurs figures nous regardent par les toutes petites fenêtres, se cachant un peu derrière des éventails, à cause des matelots : ce sont nos femmes qui ont voulu, par politesse, nous voir encore une fois.

Il y a d’autres sampans aussi, où des Japonaises