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Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/37

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MADAME CHRYSANTHÈME

Mais non, je ne veux pas ébruiter cela encore ; ce serait risquer de jeter sur Chrysanthème une déconsidération anticipée et injuste…

Donc, nous venons de nous arrêter. C’est à la base même d’une grande montagne surplombante ; nous avons dû dépasser la ville, probablement, et nous sommes dans la banlieue, à la campagne. Il faut mettre pied à terre, paraît-il, et grimper à présent par un sentier étroit presque à pic. Autour de nous, il y a des maisonnettes de faubourg, des clôtures de jardin, des palissades en bambou très élevées masquant la vue. La verte montagne nous écrase de toute sa hauteur, et des nuées basses, lourdes, obscures, se tiennent au-dessus de nos têtes comme un couvercle oppressant qui achèverait de nous enfermer dans ce recoin inconnu où nous sommes ; vraiment il semble que cette absence de lointains, de perspectives, dispose mieux à remarquer tous les détails de très petit bout de Japon intime, boueux et mouillé, que nous avons sous les yeux. — La terre de ce pays est bien rouge. — Les herbes, les fleurettes qui bordent le chemin me sont étrangères ; — pourtant, dans la palissade, il y a des liserons comme les nôtres, et