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Page:Loti - Madame Chrysanthème, 1899.djvu/38

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MADAME CHRYSANTHÈME

je reconnais dans les jardins des marguerites-reines, des zinias, d’autres fleurs de France. L’air a une odeur compliquée ; aux senteurs des plantes et de la terre s’ajoute autre chose, qui vient des demeures humaines sans doute : on dirait un mélange de poisson sec et d’encens. Personne ne passe ; des habitants, des intérieurs, de la vie, rien ne se montre, et je pourrais aussi bien me croire n’importe où.

Mon djin a remisé sous un arbre sa petite voiture, et nous montons ensemble dans ce chemin raide, sur ce sol rouge où nos pieds glissent.

— Nous allons bien au Jardin-des-Fleurs ? dis-je, inquiet de savoir si j’ai été compris.

— Oui, oui, fait le djin, c’est là-haut et c’est tout près.

Le chemin tourne, devient encaissé et sombre. D’un côté, la paroi de la montagne, toute tapissée de fougères mouillées ; de l’autre, une grande maison de bois, presque sans ouvertures et d’un mauvais aspect : c’est là que mon djin s’arrête.

Comment, cette maison sinistre, le Jardin-des-Fleurs ? — Il prétend que oui, l’air très sûr de son fait. Nous frappons à une grosse porte qui aussitôt