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MADAME CHRYSANTHÈME

les voilà ! Vite le thé, le réchaud, les braises, les petites pipes pour les dames, les petits pots en bambou pour cracher leur salive ! montez avec empressement tous les accessoires de ma réception !

J’entends le portail qui s’ouvre, je remonte. Des socques de bois se déposent à terre ; l’escalier crie sous des pieds déchaussés… Nous nous regardons, Yves et moi, avec une envie de rire…

Entre une vieille dame, — deux vieilles dames, — trois vieilles dames, émergeant l’une après l’autre avec des révérences à ressorts que nous rendons tant bien que mal, ayant conscience de notre infériorité dans le genre. Puis des personnes d’un âge intermédiaire, — puis des jeunes tout à fait, une douzaine au moins, les amies, les voisines, tout le quartier. Et tout ce monde, en entrant chez moi, se confond en politesses réciproques : et je te salue — et tu me salues, — et je te ressalue, et tu me le rends — et je te ressalue encore, et je ne te le rendrai jamais selon ton mérite, — et moi je me cogne le front par terre, et toi tu piques du nez sur le plancher ; les voilà toutes à quatre pattes les unes devant les autres ; c’est à